Les 10 objectifs industriels de France 2030
Pour ce plan d’investissement, 10 objectifs industriels ont été définis, à travers 6 secteurs dits « d’excellence » :
Pour une France décarbonée et résiliente
- Faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets
- Devenir leader de l’hydrogène vert
- Décarboner l’industrie française
Pour les « transports du futur »
- Produire 2 millions de véhicules hybrides et électriques
- Produire le premier avion bas carbone
Pour une nouvelle révolution de l’alimentation
- Investir dans une alimentation saine, durable et traçable
Pour le secteur de la santé
- Produire 20 biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques dont celles liées à l’âge et de créer les dispositifs médicaux de demain
Pour le domaine culturel
- Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs
Pour les secteurs de l’espace et des fonds marins
- Prendre toute notre part à la nouvelle aventure spatiale
- Investir dans le champ des fonds marins
La ventilation du budget de France 2030
Le président de la République souhaiterait lancer le plan d’investissement « France 2030 » d’ici début 2022, une première ventilation du budget se dessine :
- 8 milliards d’euros pour le secteur de l’énergie, afin de construire une France décarbonée et résiliente
- 4 milliards d’euros pour les « transports du futur »
- 2 milliards d’euros pour une nouvelle révolution de l’alimentation saine, durable et traçable
- 3 milliards d’euros pour le secteur de la santé
- 2 milliards d’euros pour l’espace et les fonds marins
- Un budget est aussi prévu pour le domaine culturel
Focus sur les 3 premiers objectifs
Faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets
Parce que la production de l’énergie est considérée comme un enjeu crucial du monde de demain, le Gouvernement souhaite miser sur le parc nucléaire unique de par sa dimension et son historique en France, en insistant sur :
- La production d’énergie peu chère et bas carbone via le déploiement des SMR (Small modular reactor) sur l’ensemble du territoire
- Une meilleure gestion des déchets. Sur ce sujet, le Président est resté assez vague mais nous pouvons indiquer ici que la France a fait le choix de recycler les matières valorisables des combustibles usés permettant ainsi d’optimiser la gestion des déchets. Le parc nucléaire génère actuellement 40 tonnes de déchets par an issus du combustible contre 1200 tonnes en cycle ouvert. L’une des principalement problématiques porte sur l’identification d’une filière de stockage définitif pour les déchets de haute activité (HA). En effet, ils ne représentent, pour leur part, que 0,2 % du volume total des déchets produits, mais 96 % de la radioactivité totale des déchets
Devenir leader de l’hydrogène vert
La France vise à être leader de l’Hydrogène vert en se basant là encore sur la particularité du nucléaire français. Cependant, il est important de distinguer ici différentes formes de production d’hydrogène.
Les moyens techniques de production de l’hydrogène sont, depuis la dernière ordonnance n°2021-167 du 17 février 2021 redéfinis en France en trois catégories :
- L’hydrogène carboné (hydrogène gris). Cet hydrogène est issu d’hydrocarbures (96% de la production mondiale en 2021) via des processus de reformage (50%), d’oxydation partielle (30%) ou de gazéification (20%)
- L’hydrogène bas-carbone (hydrogène bleu ou jaune, produit par électrolyse d’électricité nucléaire ou d’autres formes disponibles dans le mix électrique). Cette forme d’hydrogène est en général associée à une capture du CO2 ont captées et stockées dans le sol grâce à des techniques industrielles de captage et de stockage du CO2
- L’hydrogène renouvelable (hydrogène vert) issu de sources renouvelables
Lorsque le Président affirme vouloir être le Leader de l’Hydrogène vert en 2020, il est important de préciser que ces propos s’inscrivent dans une crise énergétique mondiale majeur comprenant en toile de fond une dépendance de l’Europe aux approvisionnements en gaz naturel. Le nucléaire constitue par conséquent une option renouvelable de secours en attendant que les énergies renouvelables atteignent une maturité économique et industrielle suffisante.
Le tryptique Nucléaire (énergie), Hydrogène (vecteur énergétique) et énergies renouvelables (énergie) constitue donc la clé de la transition énergétique française.
Décarboner l’industrie française
Cet objectif est en réalité intimement lié au deuxième. Il vise à faire baisser les émissions industrielles de 35% entre 2015 et 2030. En 2021, la diminution des émissions n’a été que de 4% (sans tenir compte de l’impact COVID !). Le chantier est donc colossal. Le Président le rappelle dans son discours : il ne s’agit pas de fermer les usines mais de participer avec les acteurs industriels à leur décarbonation massive. L’une des solutions préconisées porte sur l’ajustement carbone aux frontières de l’Europe.
Afin de mieux comprendre l’intérêt d’un tel mécanisme, il est nécessaire de se replonger dans le système d’échange de quotas européen ETS qui s’applique depuis 2005 à plus de 11 000 installations fixes et couvre près de 45 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE.
Le principe est le suivant : les États membres imposent un plafond sur les émissions des 11 000 installations concernées (production d’électricité, réseaux de chaleur, acier, ciment, raffinage, verre, papier, etc.), puis leur allouent les quotas correspondants à ce plafond. Les entreprises assujetties ont par ailleurs la possibilité d’échanger des quotas sur le marché européen des quotas d’émission : une installation qui émet plus que son allocation doit se procurer les quotas manquants, c’est le principe pollueur-payeur. En revanche, une installation qui émet moins que son allocation peut revendre ses quotas non utilisés et bénéficier ainsi de revenus, qui sont mobilisables par exemple pour financer des investissements lui permettant de maîtriser ses émissions.
Le système d’échange ETS entre désormais dans sa 4ème phase (2021-2030) mais le principe de base reste le même que depuis sa mise en place en 2005. Les émissions sont plafonnées et des quotas sont alloués gratuitement ou par enchères aux installations des secteurs couverts par le Benchmark ETS. Le plafond de quotas est fixé en fonction des objectifs climatiques de l’Union européenne pour les secteurs couverts par l’EU-ETS : -21 % en 2020 et -43 % en 2030 par rapport aux émissions de 2005, ce qui correspond à une réduction annuelle du plafond d’émissions de respectivement 1,74 % et 2,2 %.
La quasi-totalité des quotas étaient alloués gratuitement jusqu’en 2012. Depuis le début de la phase 3 en 2013, plus de la moitié des quotas sont vendus aux enchères, avec l’objectif de faire croître ce niveau progressivement notamment au cours de la phase 4 avec élargissement des secteurs industriels concernés. Afin de préserver certains secteurs particulièrement exposés à un risque de fuite de carbone (c’est-à-dire un risque de voir la production se délocaliser du fait des contraintes climatiques), la possibilité de distribuer des quotas gratuits a été maintenue.
Une part des revenus issus du système d’échange européen ETS est utilisé par la CINEA.
Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de la Commission Européenne permet d’éviter l’incorporation de CO2 dans les marchandises importées. La montée du prix du CO2 sur le marché carbone européen, atteignant le record de 56 € la tonne de CO2 en mai 2021, confirme l’intérêt d’instaurer ce type de mécanisme afin que les produits européens soumis au prix du CO2 ne soient pas moins compétitifs sur le marché européen que des produits importés non soumis au prix du CO2. Cet outil peut être une opportunité d’accélérer la décarbonation de l’industrie en Europe et à l’international en soutenant les partenaires commerciaux de l’Union dans la transformation de leurs processus de production. Le MACF pourrait progressivement conduire à la fermeture du marché européen aux produits industriels fortement carbonés et à la relocalisation d’une partie de l’industrie.
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